La fabrique étatisé de la desespérance.
Publié par The Troll le 13 02 2018

Dans mes tribulations je tombe sur un article qui parle du suicide, suite à la parution d'un rapport de l'observatoire national du suicide. Bon, à la louche, c'est environ 10 000 personnes par an, soit 3 fois le nombre de morts sur les routes. On en entend malgré tout beaucoup moins parler.

2 modes de réactions face à cette différence de traitement :

  • On peut pas mettre des radars pour racketter les suicidants, donc on s'en fout.
  • Ils sont morts, ils ne vont plus nous faire chier et ils ne pourront plus voter pour nous, donc on s'en fout.

Bien entendu le ministre se doit de dire quelque chose. Dire ce qu'elle pense (qu'elle s'en cogne sévère) est peu politiquement correct et pourrait déchaîner un shit storm. Ce dont je doute car tout le monde s'en cogne sévère, sorti des lol cat sur fb ou les trucs sur les arabes qui ont plus de droits que nous. Donc elle sort un espèce de truc "intelligent" et propose de rappeler ceux qui se sont ratés, après leur sortie d'hosto.

je suis pas un kador, mais la prévention ce n'est pas rappeler ceux qui se sont ratés. Mais que demander à ce gouvernement ? J'ai l'impression de voir Rome brûler.

Il y a une fabrique étatique de la désespérance. On désocialise les personnes, on les précarise, on les enfonce et on les accuse d'être responsables de leur état. Il n'est que voir comment les collectivité territoriales traitent les gens aux minimas sociaux.

A ce point, il faut que j'aborde la question des minima sociaux (rsa, ass...). On peut penser que c'est une forme de "charité" que l'on obole gentiment aux "pauvres" en leur demandant de se sortir les doigts du cul. C'est une vision particulièrement dégeulasse et décallée. La productivité augmentant comme elle ne l'a jamais fait dans l'histoire, il faut être moins pour produire ce dont nous avons besoin. Donc que faire de ceux dont on a supprimé le travail ? leur faire partager les bénéfice de cette hausse. Car avant d'être sans emploi, ils ont participé à cette hausse de la productivité et ont peut être même été de ceux qui ont trouvé le tour de main qui a permis de gagner un poste (le leur). De plus, comme il y a une pénurie d'emploi, le poste qu'ils pendraient, il vont bien le prendre à d'autres (qui se trouveraient alors au même point, match nul). Je ne vais pas m'étendre sur le montant de ces minimas, mais on sait que plus ils sont bas, plus ils désocialisent et précarisent. Pour sortir et inviter il faut de l'argent, si tu dois compter ce que tu manges et que tu fais des économies de chauffage, tu n'invites pas et donc tu n'es pas invité. tu ne sors pas et rencontres peu de gens : désocialisation. La précarisation venant avec l'impossibilité de faire des projets avec 400 euros par mois. Une fois arrivé là, il n'est pratiquement plus possible de revenir à la marque, c'est la fin.

Mais il y a bien pire que cela. L'état, les collectivités et autres structures associées, en plus de ces montants bien en dessous du seuil de pauvreté, trichent et demandent et redemandent les même papiers, font traîner les dossiers, reportent le plus possible les décisions, essayent de trouver le moindre truc pour radier. Ainsi, même si tu es réhabilité dans tes droits (c'est à dire que tu ne fais pas partie de ceux qui ont laissé tomber - cela représente environ 12 milliards) au bout de 3,4,5,6 mois avec le retard versé (sans intérêts), tu es dans une merde noire : des agios qui bouffent la moitié de ce que l'on te verse, des dettes partout (loyers, électricités, télécom - indispensable car que te reste-t-il sans amis et sans pouvoir sortir ?) tu es sous le niveau de l'eau avec peu d'espoir de t'en sortir.

Et certains choisissent de se flinguer. Pour ceux qui se rateront (pas de bol) on les rappellera. Trop cool non ?

Pour que cela change, il faudrait que ceux qui décident de se flinguer emportent avec eux des élus (genre le député de la circonscription, ou le sénateur, ou un ministre en déplacement). Parce que lorsque c'est le peuple qui trinque, tout le monde s'en fout, mais dès que c'est un "au dessus des autres", tout de suite, cela fait un sacré foin.

commentaire(s)
Posté par smolski le 11 02 2018 à 09:00
"Pour que cela change, il faudrait que ceux qui décident de se flinguer emportent avec eux des élus (genre le député de la circonscription, ou le sénateur, ou un ministre en déplacement)." Difficile de suivre cette conclusion sans déroger à ce qui fonde le combat contre l'inhumanisme politico social en place.
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