De la réforme de l'orthographe
Publié par The Troll le 13 02 2018

Je prends quelques temps pour une petite mise au point (poing ?) sur la réforme de l'orthographie. Il faut être clair, en elle même, elle ne me dérange pas plus que cela, mais comme je suis un affreux complotiste, je vois derrière d'autres choses plus noires qui se dessinent.

La première chose est l'aveu d'incapacité de l'éducation nationale d'enseigner en 10 ans à des élèves une écriture plus ou moins sans fautes majeures. Et en simplifiant un paquet de mots, on allège la charge de travail. Quel crédit donner à cette EN si elle n'arrive pas au moins à apprendre à lire et à écrire à tous ? Plutôt que de se remettre en cause, on va simplifier de plus en plus la langue en lui faisant perdre son histoire, son étymologie.

Alors pour nénufar, la guerre existe depuis très longtemps, mais quel dommage de perdre le chapeau de la cime qui tomba dans l'abîme... et s'égara. Parce que en ce cas pourquoi accepter le double m de dommage ? n'est-il pas redondant ? et inutile ?

Mais bon, inutile de continuer sur ce point, il est peu important d'un point de vue politique. Ce qui va se passer c'est que dans les classes de pauvres on apprendra abime et dans les classe de riches on apprendra abîme. Et lorsque vous ferez un courrier on pourra déterminer avec simplicité votre origine sociale à la manière dont vous écrivez, et ce même si vous êtes un bon élève. Nul doute que les futurs ministres et hauts fonctionnaires sauront accentuer correctement. Ils connaîtront les cimes, tandis que le pecus vulgum ne connaîtra que l'abime.

Quelle mise en abîme.

politique ? - 9 commentaire(s)
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Posté par smolski le 02 03 2016 à 16:55
"Ce qui va se passer c'est que dans les classes de pauvres on apprendra abime et dans les classe de riches on apprendra abîme."

C'est un coup d'épée dans l'eau car la différenciation des classes par l'orthographe se fait déjà qu'il y ait une réforme ou pas. Et plus encore par le vocabulaire, où un riche choisira : « au fond de l'abîme », un pauvre mettra : « au fond d'un trou », et s'il est très très pauvre en vocabulaire, ce sera : « dans l'cul », tout simplement.
Posté par herve_02 le 02 03 2016 à 18:47

Oui et non. Effectivement un mauvais élève va mettre au fond du trou, mais aucun bon élève ne pourra mettre au fond de l'abîme, car il aura appris abime.

Que le mauvais élève reste mauvais élève avec cette réforme, cela ne fait aucun doute, mais en n'apprenant pas l’orthographe correcte, aucun élève ne pourra l'employer, même les bons.

Nous passons de "ne l’emploiera pas" à "ne sait même pas que cela existe". Et pour moi, cela fait une sacré différence.

Posté par smolski le 03 03 2016 à 11:23

"mais en n'apprenant pas l’orthographe correcte, aucun élève ne pourra l'employer, même les bons." Je pense que tu veux dire par "même les bons" les meilleurs élèves pauvres, sinon ta remarque se mord la queue.

Je crois que de toute façon, le vocabulaire des nantis reste et restera un vocabulaire de nantis inabordable aisément pour les plus démunis, quel qu'en soit l'orthographe. Pourquoi ? Parce qu'il y a aussi une façon de raisonner pour l'appliquer qui est typique des nantis et une autre façon de raisonner qui est typique aussi des moins favorisés pour leurs langages à eux. Par exemple, l'argot possède sa qualité propre par rapport au langage châtié, et peut être plus expressif encore... On pourrait faire un parallèle avec la poésie des vers libres et la poésie classique...

Posté par herve_02 le 03 03 2016 à 11:56

Oui bien entendu, je veux parler des bons élèves non nantis.

Je ne veux pas croire à ce que tu dis, parce que cela implique que tout est inexorable et que l'on ne peut rien faire. Il est évident que le fils de Mouloud habitant à la courneuve ne pourra jamais avoir la même éducation que le fils de bernard arnaud, ne pourra jamais avoir le même vocabulaire, tout simplement à cause du milieu culturel dans lequel il vit. Mais nous parlons là des nouveaux seigneurs modernes.

Moi je parle des seconds couteaux, des places que les 'pauvres' peuvent atteindre par un travail régulier et sérieux. Par exemple un haut fonctionnaire poste moyen ou un fonctionnaire à poste élevé. Dans ces milieux là, l'orthographe est très important et j'ai l'impression que l'abime t'attirera vers lui. tandis que l'abîme te portera vers la cime.

Je crois que les réformes de l'orthographe ne doivent pas viser à une simplification de la langue, parce que la langue est le vecteur de la pensée. On ne dits pas des mots parce que l'on pense, on pense parce que l'on a des mots. En supprimant des mots et le rapport à l'étymologie des mots, on supprime du sens, on permet à ceux qui font des discours de subrepticement mettre un mot à la place d'un autre. Ce petit changement, suivi d'un petit autre changement, puis d'un petit autre atténue la réalité et toujours dans le même sens.

La langue, c'est comme la constitution, ce n'est pas le pouvoir politique qui décide de l'appliquer ou pas. Le pouvoir politique exécute il ne commande pas. Si on les laisse faire, ils nous déposséderont de tout ce que l'on a, de tout ce qui nous permet de nous battre. D'ailleurs la réforme de l'orthographe est noyée au milieu de la réforme du collège et du lycée. Va lire un peu ce qui se passe, tu comprendra ou je veux en venir. ici, une bonne entrée en matière : http://laviemoderne.net/ (blog à propos de l’enseignement).

Posté par smolski le 04 03 2016 à 10:27

J'entends bien tes arguments et ne les nie pas, juste je considère que la réforme de l'orthographe n'est qu'un pan d'une attitude beaucoup plus large opérée par les gouvernants. Une sorte de paravent derrière lesquels des projets très profonds sont mis en place.

Non par complot mais du fait du système même qui y conduit inéluctablement.

Aussi, il me paraît plus efficace que les peuples se concentrent davantage sur eux-mêmes, sur leurs aspiration, sur leurs vitalités, sur leurs cultures, sur leurs émotions...

Tout ce que font déjà les nantis entre eux et pour eux seuls.

Posté par herve_02 le 04 03 2016 à 12:15

Je suis d'accord avec toi, ce n'est pas la seule chose qui se passe, et je suis presque d'accord que c'est un paravent. MAIS c'est plus qu'un paravent. Un paravent serait de modifier le temps du repas de midi ou le menu de la cantine. [ D'ailleurs la loi (ou le décret, je sais plus) obligeant à 20% de bio dans les cantine à l'horizon 2020 a été abrogée.] Là c'est quelque chose qui est bien plus grave, car on touche à l'éducation. Mais là encore tous les gauchistes minimisent la chose parce que les gauchistes pensent que l'éducation doit revenir à l'état, parce que la famille c'est le mal, ce genre de truc.

Il y a peu de contre mesure, sauf à prôner l'éducation en famille, sauf à créer des écoles alternatives, sauf à dire que c'est juste un rideau de fumée.

Se concentrer sur nos aspirations lorsque l'on n'arrive pas à manger sainement parce qu'avec 600 euros tu boucles pas un budget, lorsque tu n'arrives pas à te projeter dans un avenir non anxiogène, lorsque tu sais qu'au moindre truc (genre un accrochage avec la voiture), tout ton 'budget' est niké, lorsque tu sais que tu ne peux pas vraiment te soigner, que tu as les même lunettes depuis presque 10 ans, et je ne parle même pas des dents, lorsque tu sais que tu ne peux pas faire ce qu'il faut pour tes enfants. Lorsque tu es dans un tel niveau d’insécurité et de stress, ton beau discours... n'est qu'un discours.

Oui te concentrer sur tes émotions : moi je comprends le terroriste qui va se faire sauter dans ce qu'on lui a désigné comme l'adversaire. CE que je trouve dommage c'est que pour lui l'adversaire c'est un journaliste satyrique, un économiste hétérodoxe, des jeunes qui ne demandent rien à personne. Et là bizarre, il faut être carrément con pour se tromper de cible. À moins que ceux qui pointent la cible soient complices de ceux qui nous écrasent ? Je ne vois pas d'autres solutions intellectuellement satisfaisante.

A moins d'être handicapé mental, personne ne peut penser que l'exploitation vient du peuple alors que les gouvernants (politique, finance...) écrasent tout le monde. Donc quels intérêts de tuer de la population alors que tuer le président de goldman sachs aurait bien plus d'impact ? Sauf si tu es le président de GS. Et là il faut se poser la question de QUI désigne les cibles ?

Posté par smolski le 06 03 2016 à 05:00

"Lorsque tu es dans un tel niveau d’insécurité et de stress, ton beau discours... n'est qu'un discours."

Ce niveau d'insécurité se bâtit d'abord par soi, par manque d'alternative que l'on déploie, par soumission.

Soumission ?

Oui, soumission à nous-mêmes, à ce démon qui nous ronge en nous assurant que c'est pas nous mais les autres qui sont ce que nous ne sommes pas, qui font ce que nous ne faisons pas, etc...

Porter son regard en soi ne s'éduque pas, il est donné à tous et tous en ont l'entière responsabilité à tout moment.

C'est ce qui est le plus dissimulé et redouté par tous les états.

Je prendrai l'exemple des camps d'exterminations où les personnes s'abandonnant deviennent des prostrées et meurent rapidement alors que la majorité des autres se déploient et y survivent davantage, même si cette survie se réduit d'instant en instant.

Ce ne sont pas les plus riches ni les plus favorisés intellectuellement qui survivent ainsi mais ceux dont l'existence a cultivé la révolte et la détermination de ce qu'ils sont, de la Vie qu'ils portent et avec Elle l'acharnement à exister malgré tout et contre tout ce qu'il advient.

Posté par herve_02 le 06 03 2016 à 11:27

Euh.... je pense qu'il était trop tard hier soir : dire que les gens meurent dans les camps par soumission, faut le faire tout de même. Il y a bien sur les kapos qui avaient réglé le problème à leur manière.

C'est cool d'expliquer que les pauvres le sont, et le sont un peu à cause d'eux car ils sont soumis. tu sais le truc shaolin : "soumis au fond de toi petit scarabée comme le roseau qui plie au lieu de résister au courant."

Je ne le pense pas. Ils restent soumis, parce que la société leur inculque depuis le plus jeune age que la 'violence ne résout rien', que la violence entraîne la violence'... ce genre de connerie. Parfois; il ne reste que la violence pour résoudre en un temps fini une situation. Je pense que nous en sommes là. Et c'est bien dommage.

Posté par smolski le 06 03 2016 à 16:41
Je suis d'accord avec toi pour l'enseignement contre toute violence qui est en fait un avilissement de la personne. Je parle de la violence intérieur, pas de celle qui se déploye tout autours de nous. Nous faire violence pour porter nos convictions et non pour les subir ou les faire disparaître, et ça, de mon point de vue, c'est un choix individuel dont nous avons la paresse native d'en exploiter la puissance par la difficulté à la contenir en nous intacte depuis l'enfance jusquà notre âge le plus avancé. Les puissants au pouvoir n'utilisent pas plus cette violence en eux, ils se servent de celle en réaction autours d'eux. Ils la captent artificiellement (monnaie religion, armée, lois, etc...) et l'utilisent contre tous, à commencer eux-mêmes d'ailleurs. « Si nous ne pouvons être les vainqueurs emportons le monde dans l'abîme avec nous. »
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